MÈRE

La mère ou la grande histoire jamais écrite        

Peut-on parler d’un sujet comme celui de la mère dans la théorie féministe de l’Europe occidentale et des États-Unis à partir des années 1970 ? Pourquoi le féminisme de cette période, s’est-il intéressé à la mère ? Quel rôle occupe la figure maternelle dans la théorie féministe ? En quoi la revalorisation de la mère a-t-elle permis à certaines théoriciennes féministes de remettre en question la vision patriarcale de la place des femmes dans la société contemporaine ? Une nouvelle vision de la mère peut-elle aboutir à de nouvelles pratiques politiques ?

Le féminisme états-unien et européen (France, Italie) a cherché à conceptualiser, selon des perspectives diverses et interdisciplinaires, le rôle de la figure maternelle en fonction de sa signification domestique (la mère, est-elle seulement celle qui s’occupe du foyer ?), sociale (que signifie être mère dans une société patriarcale ? Peut-on être mère tout en restant femme ?), généalogique (le féminisme s’est intéressé à l’influence de la relation mère/fille et des relations entre femmes dans la formation de l’identité féminine), politique (analyse de l’importance de la maternité dans la prise de conscience politique), sans jamais faire abstraction du lien entre la matière et le corps maternel[1]. En particulier, repenser et reconceptualiser la figure maternelle a signifié, au sein de la seconde vague féministe et notamment à partir de l’essai de l’écrivaine nord-américaine Adrienne Rich Of Woman Born (1976), réécrire « the great unwritten history » (Rich, 1976, p. 225), à savoir l’histoire des relations entre femmes, à commencer par la relation mère/fille. Il s’agissait donc de réaffirmer l’intérêt pour le rôle de la mère dans le développement psychologique de l’enfant et d’approfondir le thème du mothering, à savoir des soins maternels, aujourd’hui lié au concept de care, en sociologie et anthropologie. D’une manière semblable, en Europe de l’Ouest, à travers des voi(x)es différentes, le féminisme a principalement essayé de redonner une place centrale aux généalogies féminines, plus particulièrement à la mère et à son rôle dans la construction de l’identité féminine.

De la réflexion sur la relation mère/fille au « matricide originaire » jusqu’aux motherhood studies[2]: repenser la mère et les relations entre femmes

Aux États-Unis, la réflexion sur l’importance de la figure maternelle et sur la maternité s’articule, à partir des années 1970, autour de trois axes fondamentaux : la maternité comme expérience physique féminine, la maternité comme institution ou idéologie patriarcale et la maternité comme recherche identitaire et nœud fondamental de la subjectivité féminine (O’ Reilly, Maternal Theory, 2007, p. 2). Une quatrième catégorie, celle de l’agir (agency) ou de l’activisme maternel, semble aussi émerger dans les années les plus récentes[3].

Andrea O’ Reilly, fondatrice des motherhood studies, reprend dans sa réflexion la distinction d’Adrienne Rich, qui sépare l’institution (motherhood) de l’expérience (mothering) de la maternité[4], en déconstruisant différentes images patriarcales (la mère toute-puissante ou la puissance maternelle destructrice), dans le but d’ouvrir de nouveaux espaces théoriques et politiques pour concevoir la subjectivité féminine. En ce sens, la notion de filiation est fondamentale dans la conception de la maternité. Qu’il s’agisse de motherhood ou de mothering, la mère est conçue comme la première figure féminine à laquelle le sujet (garçon ou fille) est confronté : il/elle naît de la mère, grandit et se forme avec elle, dans une société patriarcale où le père est quasiment toujours absent. Rich est aussi la première autrice à revaloriser l’amour de la fille pour la mère et à souligner l’importance des relations féminines pour la formation de l’identité : nées d’une femme, les femmes se développent, en effet, dans l’interaction avec le parent de leur propre sexe. L’amour de et pour la mère, concevable comme une forme d’homosexualité, est donc, dans un sens, constitutif de l’identité féminine ainsi qu’indispensable à toute femme pour connaître la différence sexuelle[5].

La théorie de la reproduction de la fonction maternelle formulée par Nancy Chodorow dans son essai The Reproduction of Mothering (1978)[6] constitue le deuxième nœud fondamental à partir duquel mère et identité féminine s’entrelacent dans le débat féministe. En repartant de la théorie de la relation d’objet de Melanie Klein et de la philosophie sociale (Talcott Parsons, l’École de Francfort), Chodorow considère le mothering, à savoir le fait que les premiers soins du nourrisson sont confiés à la mère,comme l’élément fondamental de la domination masculine, de la division sexuelle du travail et de l’organisation sociale du genre (Chodorow, 1978, p. 17). En outre, Chodorow propose une conception relationnelle du moi, approfondit l’importance du rôle maternel dans le développement psychologique de l’enfant et commence à étudier le territoire préœdipien que Freud et Lacan avait laissé inexploré. L’essai de Chodorow suscite, enfin, diverses réflexions dans les années suivant sa publication, notamment dans le domaine de la psychologie d’orientation féministe (Gilligan, Flax, Benjamin).

Carol Gilligan (In a Different Voice: Psychological Theory and Women’s Development, 1982) identifie une différence dans la manière féminine ou masculine de concevoir les relations interpersonnelles et propose une distinction entre une « éthique » féminine « du care » et une « éthique » masculine « de la justice » (Gilligan, 1982, p. 174). En effet, chaque genre développe une conception de l’éthique différente selon sa manière de gérer les problèmes de dépendance à la figure maternelle et, par conséquent, de vivre les relations avec autrui[7]. Cependant, les théories du développement depuis Freud ne conçoivent les relations et leur évolution qu’à partir du modèle masculin, sans prendre en compte l’autre voix, celle des femmes, celle de la différence.

Jane Flax (« Mother-Daughter Relationships: Psychodynamics, Politics, and Philosophy », 1985), en analysant les limites de la théorie psychanalytique freudienne sur le développement de la petite fille et l’importance de la période préœdipienne dans le développement de l’identité féminine, essaye de formuler les dangers de la relation mère/fille et de décrire aussi le côté obscur du maternel. Flax souligne, en effet, pour la première fois, l’importance, pour la construction d’une subjectivité féminine autonome[8], du processus de différentiation de la figure maternelle et affirme, en même temps, la nécessité de reconnaître la mère comme un sujet autonome[9] : ce que l’on pourrait appeler le sujet mère est ainsi esquissé.

Le déni de la mère et l’absence d’une reconnaissance mutuelle (mutual recognition) entre la mère et l’enfant propres au procès de développement du garçon (Benjamin, 1985, p. 41) arrivent jusqu’à structurer, d’après Jessica Benjamin (« The Bonds of Love: Rational Violence and Erotic Domination », 1985), les relations de domination érotique caractérisant la société occidentale. Reconceptualisant une partie du vocabulaire psychanalytique (notamment les concepts de recognition, inclusion, complementarity), Benjamin parvient aussi, dans son essai Like Subjects, Love Objects: Essays on Recognition and Sexual Difference (1995), à offrir une nouvelle perspective sur la relation mère/fille et sur la construction de la subjectivité de l’enfant (fille/garçon). En effet, d’après la psychanalyste, le développement psychologique de l’enfant se fait et doit se faire sous le signe de la différentiation qui permet une reconnaissance mutuelle entre mère et enfant : l’enfant, fille ou garçon, peut ainsi garder sa propre individualité, son autonomie, sa complémentarité par rapport à la mère, tout en préservant son être autre, sa différence.

Une place à part occupe dans le féminisme états-unien la pensée féministe noire, où « les efforts visant à modeler l’institution de la maternité noire » se mêlent à la réflexion autour des « oppressions enchevêtrées de race, de sexe, de classe, de sexualité et de nationalité » (Hill Collins, 2009, p. 283). Par exemple, Patricia Hill Collins, dans son ouvrage « La pensée féministe noire » (1990), théorise, à partir de la déconstruction de certains archétypes normatifs patriarcaux comme celui de la « la mère noire superforte » (Hill Collins, 2009, p. 281), quelques nouvelles notions liées à la maternité noire. Ainsi, la relation mère/fille est conçue dans le féminisme noir comme un « dilemme troublant » (Hill Collins, 2009, p. 293) entre une tentative de la part de la mère de garantir à sa fille une survie physique et/ou la possibilité pour la fille d’une construction émotive lui permettant de s’intégrer dans la société patriarcale ; par ailleurs, Collins explique comment, dans les communautés africaines-américaines, le mothering est envisagé comme une forme d’empowerment, en exaltant ainsi la puissance créatrice. Cet ouvrage introduit, enfin, quelques nœuds conceptuels fondamentaux pour la pensée féministe : l’existence de figures maternelles alternatives à la mère biologique modifiant l’idée d’une mère unique et toute-puissante (mères supplétives (othermothers) et réseaux sociaux gynocentrés), les notions de « maternage intellectuel » entre femmes, de « maternité sociale » et de « maternage militant[10] ». Ces notions servent, entre autres, à démontrer comment le féminisme noir offre la possibilité de réfuter l’idée de « la séparation et de l’intérêt individuel comme base de l’organisation communautaire ou de la réalisation de soi » (Hill Collins, 2009, p. 304), en montrant l’utilité et l’importance des relations féminines pour l’éducation et la construction d’une société plus émancipée.

En France, Julia Kristeva, Hélène Cixous et Luce Irigaray explorent la centralité de la figure maternelle et l’importance de la relation mère/fille comme nœud fondamental de la différence sexuelle, en particulier dans les années 1970.

Si Kristeva a étudié, dans « La Révolution du langage poétique » (1974), le lien entre la mère et le sémiotique[11], Cixous a approfondi la relation entre le corps féminin/maternel et l’écriture, notamment dans « Le Rire de la Méduse et autres ironies »  (1975, republié en 2010)[12] et dans « Entre l’écriture ». En effet, les deux autrices explorent différents thèmes liés à la connexion entre la figure maternelle et le langage, — la mère ne nous apprend pas seulement à parler, mais nous transmet également la capacité créative inhérente au langage lui-même —, sans pour autant laisser de côté l’importance des relations féminines, les stéréotypes patriarcaux liés à la figure maternelle, notamment à la Vierge Marie (Kristeva, « Stabat mater », 1977), et une vision nouvelle et positive de la maternité comme expérience nécessaire à la prise de conscience politique des femmes.

 La philosophe Luce Irigaray a traité le thème des relations féminines et plus particulièrement de la relation mère/fille dans de nombreux textes, entre 1974 (« Speculum. De L’autre femme ») et 1990 (« Je, tu, nous. Pour une culture de la différence »). Si, dans « Speculum » comme dans « Ce sexe qui n’en est pas un » (1977), Irigaray s’interroge sur l’absence, dans la psychanalyse, d’une réflexion sur le développement psychologique de la petite fille, les thèmes principaux de « Et l’une ne bouge pas sans l’autre » (1979) sont l’impossibilité d’une relation non fusionnelle entre mère et fille, les risques du pouvoir maternel destructeur et la nécessité, pour la fille, d’une différentiation de la mère. Cependant, la plus importante contribution d’Irigaray sur le thème du maternel se trouve dans « Le corps-à-corps avec la mère » (1981) : l’autrice y propose, en effet, l’idée d’un « matricide originaire » (Irigaray, 1981, p. 23) structurant la culture occidentale et celle de la disparition de la mère et de la dyade mère/fille de l’ordre symbolique, social, culturel occidentaux. Cette réflexion se poursuit dans « Je, tu, nous » (1990) où Irigaray met l’accent sur l’oubli de la matrilinéarité et des généalogies féminines dans les sociétés patriarcales de l’Occident et sur la nécessité de transmettre de mère en fille une culture féminine et féministe, une culture de la différence sexuelle.

L’Italie des années 1970 à aujourd’hui : le travail sur le symbolique de la relation mère/fille

En Italie, la réflexion sur le maternel s’articule autour du lien entre autorité et liberté dans la relation avec la mère et se traduit avec les féministes du groupe de Diotima dans la pratique politique de l’affidamento, visant à revaloriser le rôle de la mère dans les relations féminines. L’affidamento est une pratique politique qui se propose d’affirmer la nature sexuée de la pensée et d’établir un lien entre femmes permettant de créer une transmission d’autorité, de savoir, d’expériences de femme en femme, en récupérant la verticalité du rapport mère/fille, tout en créant de nouvelles alternatives aux dérives de cette relation (séparation, haine, anéantissement, etc.).

Dans les années 1970, différents thèmes liés au maternel ont été centraux dans la réflexion de quelques groupes féministes autonomes comme Demau (Demistificazione Autoritarismo Patriarcale) ou Rivolta Femminile, d’après lesquels « la relation avec la mère est à l’origine de tout [et] dans cette relation originelle se trouvent les racines de notre identité et de notre créativité » (Lussana, 2012, p. 75). Par exemple, dans « Madre mortifera » (1974), le groupe Demau essaye de détruire l’image masculine et patriarcale d’une « mère phallique » et « mortifère » (Fachinelli, Lilith, 1974, p. 144), en s’employant à séparer les deux rôles de femme et de mère, pour réorienter le débat sur la liberté et l’autonomie des femmes.

Carla Lonzi, figure centrale du féminisme italien et fondatrice de Rivolta Femminile, considère la réflexion sur la relation mère/fille fondamentale pour déconstruire le « mythe » de l’homme privant les femmes de la possibilité d’une reconnaissance mutuelle. D’après Lonzi, il faut, d’abord, « prendre conscience de la mère », tout en envisageant l’impossibilité d’un retour au maternel : se reconnaître dans et à travers la mère, réelle ou symbolique, demeure, en effet, impossible, cette dernière étant « une femme vaginale[13] » Les femmes doivent donc affronter le double traumatisme de l’abandon et de la trahison maternels, accepter la solitude, moment irrémédiable de la conscience qui leur permet, toutefois, de se réconcilier avec leur propre genre et d’atteindre la prise de conscience nécessaire à l’autonomie politique (Boccia, 1990, p. 217-8).

Dans le féminisme plus récent, le texte italien le plus important sur la mère et son rôle dans la construction de l’identité féminine est « L’Ordre symbolique de la mère » de Luisa Muraro (1991). Muraro, considérant la mère avant tout comme « une relation » (Muraro, 1991, p. 8), propose de reconstituer une nouvelle métaphysique à partir du savoir-aimer la mère, reprenant l’idée irigarayenne que l’entrée dans l’ordre symbolique et dans le langage ne se fait pas avec le père, mais à travers la mère et sa langue. C’est donc en reconstituant un nouvel ordre symbolique maternel, avant tout dans le langage, que les femmes peuvent non seulement retisser leurs liens, mais aussi la signification même de l’autorité, de la liberté, du féminisme.

Les questions de l’origine, de l’autorité, de la liberté, de la relation mère/fille dans la pensée de la différence sexuelle semblent, enfin, s’entrelacer dans la réflexion de Diotima — groupe actif de philosophes et écrivaines féministes, formé en 1984 à Vérone[14]. Le thème de la mère a été exploré en particulier dans les deux séminaires, devenus ensuite des livres, La magica forza del negativo (2005) et L’ombra della madre (2007). Dans ces textes, les philosophes expliquent avant tout la nécessité, pour créer la différence sexuelle aujourd’hui, d’affronter le « mal métaphysique » et/ou « contingent » présent dans la relation mère/fille (Diotima, 2005, p. 36), pour établir de nouvelles relations entre femmes : ce qu’elles appellent la capacité de « traverser le négatif » de la relation mère/fille (Diotima, 2005, p. 1). Le groupe essaye également de théoriser les côtés sombres et inquiétants émergeant lorsque ces relations ne trouvent pas une « médiation » féminine[15]. C’est, en effet, dans la relation avec la mère/matrice et avec les autres femmes que peut s’opérer le passage à travers le négatif (à entendre hégélienement), mais aussi la possibilité d’accès au symbolique et à une compréhension nouvelle de la réalité : et cela, précisément, à travers l’entaille (il taglio) de la différence sexuelle (Diotima, 2005, p. 31).

Des pratiques politiques italiennes liées au maternel : l’affidamento

Si l’hypothèse principale d’une grande partie du féminisme italien, à la suite de la pensée états-unienne et française, repose sur l’idée que repenser la relation mère/fille signifie avant tout repenser l’identité sexuelle et sexuée, mais aussi les relations entre femmes dans le but de construire un « ordre symbolique qui comprenne et libère le féminin » (Melusine, 1992, p. 9), dans les années 1980 se constitue une pratique politique faisant vivre ces théories[16] : la pratique de l’affidamento, « traduction sur le plan social de la relation avec la mère » (Diotima, 1987, p. 34), qui permet la réalisation d’une « structure symbolique de la médiation féminine » (ibid.). En effet, dans cette relation verticale féminine, la disparité et l’autorité de l’autre femme sont reconnues comme une valeur positive, et cet acte symbolique de reconnaissance de l’autre-femme permet la constitution de nouveaux pouvoirs et désir féminins (Diotima, 1987, p. 110), ainsi que l’émergence de la conscience de soi et de nouvelles possibilités d’existence pour les relations féminines et pour le féminisme.

Conclusion

Si la réflexion autour de la figure maternelle a été réduite au silence dans la culture patriarcale occidentale, la relation du « couple incestueux » mère/fille (Didier, 1981, p. 80) constituant le plus grand danger pour la société et sa perpétuation, l’objectif des réflexions théoriques et des expériences politiques féministes sur le thème de la mère demeure la nécessité de dépasser les paradigmes théorétiques, les préjugés et les mythes androcentriques pour repenser les relations entre femmes, dans le but de définir, comme le suggère Marianne Hirsch, le sujet féminin dans sa « multiplicité, pluralité et continuité d’être » (Hirsch, 1981, p. 209).

Pour citer cette notice:

Doria, Federica: « Mère ». Dictionnaire du genre en traduction / Dictionary of Gender in Translation / Diccionario del género en traducción. ISSN: 2967-3623. Mis en ligne le 05 octobre 2023: https://worldgender.cnrs.fr/notices/mere/.

Bibliographie

AA VV (1993), I luoghi dell’esperienza, dell’immaginario e del simbolico nella relazione madre-figlia. Ciclo di seminari di studio. Cagliari aprile-maggio 1992, Cagliari, La tarantola.

Benjamin, Jessica (1985), « The Bonds of Love: Rational Violence and Erotic Domination », in Hester Eisenstein and Alice Jardine (dir.), The Future of Difference, New Brunswick-NJ, Rutgers University Press, p. 41-70.

Benjamin, Jessica (1995), Like Subjects, Love Objects: Essays on Recognition and Sexual Difference, New Haven, Yale University Press.

Boccia, Maria Luisa (1990), Lio in rivolta. Vissuto e pensiero di Carla Lonzi, Milan, La Tartaruga, coll. « Saggistica ».

Burke, Carolyn et Jane Gallop (1985), « Psychoanalysis and Feminism in France », in Hester Eisenstein and Alice Jardine (dir.), The Future of Difference, New Brunswick-NJ, Rutgers University Press, p. 106-121.

Cesarino, Cesare et Andrea Righi (2018), Another Mother. Diotima and the Symbolic Order of Italian Feminism, trad. Mark William Epstein, Minneapolis, University of Minnesota Press.

Chodorow, Nancy (1978), The Reproduction of Mothering, Berkeley, University of California Press.

Cixous, Hélène (1986), Entre l’écriture, Paris, Éd. Des femmes.

Cixous, Hélène ([1975] 2010), Le Rire de la Méduse et autres ironies, préf. Frédéric Regard, Paris, Galilée, coll. « Lignes fictives ».

Didier, Béatrice (1981), L’Écriture-femme, Paris, PUF, coll. « Écriture ».

Diotima (1987), Il pensiero della differenza sessuale, Milan, La tartaruga.

Diotima (1992), Il cielo stellato dentro di noi: l’ordine simbolico della madre, Milan, La tartaruga.

Diotima (1995), Oltre luguaglianza: le radici femminili dellautorità, Naples, Liguori, coll. « Profili. Teorie & Oggetti della filosofia ».

Diotima (2005), La magica forza del negativo, Naples, Liguori, coll. « Profili. Teorie & Oggetti della filosofia ».

Diotima (2007), Lombra della madre, Naples, Liguori, coll. « Profili. Teorie & Oggetti della filosofia ».

Eisenstein, Hester et Alice Jardine (dir.) (1985), The Future of Difference, New Brunswick-NJ, Rutgers University Press.

Fachinelli, Elvio et Lilith (1974), « Madre mortifera », L’Erba voglio, anno IV, n° 15, p. 141-147.

Flax, Jane (1985), « Mother-Daughter Relationships: Psychodynamics, Politics, and Philosophy », in Hester Eisenstein and Alice Jardine (dir.), The Future of Difference, New Brunswick-NJ, Rutgers University Press, p. 20-40.

Gilbert, Sandra et Susan Gubar ([1979] 2000), The Madwoman in the Attic. The Woman Writer and the Nineteenth-Century Literary Imagination, New Haven-London, Yale University Press.

Gilligan, Carol (1982), In a Different Voice: Psychological Theory and Women’s Development, Cambridge-London, Harvard University Press.

Gilligan, Carol (2008), Une voix différente. Pour une éthique du care, trad. Annick Kwiatek, trad. revue par Vanessa Nurock, prés. Sandra Laugier et Patricia Paperman, Paris, Flammarion, coll. « Champs essais ».

Hill Collins, Patricia (1990), Black Feminist Thought: Knowledge, Consciousness, and the Politics of Empowerment, New York-London, Routledge.

Hill Collins, Patricia (2009), La Pensée féministe noire : savoir, conscience et politique de l’empowerment, Montréal, Les Éditions du remue-ménage.

Hirsch, Marianne (1981), « Mothers and Daughters », Signs, n° 1, vol. 7, p. 200-222.

Irigaray, Luce (1974), Speculum. De l’autre femme, Paris, Minuit, coll. « Critique ».

Irigaray, Luce (1977), Ce sexe qui n’en est pas un, Paris, Minuit, coll. « Critique ».

Irigaray, Luce (1979), Et l’une ne bouge pas sans l’autre, Paris, Minuit, coll. « Critique ».

Irigaray, Luce (1981), Le corps-à-corps avec la mère, Montréal, Les Éditions de la pleine lune, coll. « Conférence et Entretiens ».

Irigaray, Luce (1987), Sexes et parentés, Paris, Minuit, coll. « Critique ».

Irigaray, Luce (1990), Je, tu, nous. Pour une culture de la différence, Paris, Grasset, coll. « Le Livre de poche. Biblio essais ».

Kristeva, Julia (1974), La Révolution du langage poétique. L’avant-garde à la fin du XIXe siècle : Lautréamont et Mallarmé, Paris, Seuil, coll. « Tel quel ».

Kristeva, Julia ([1977] 1985), « Stabat mater », Poetics Today, Vol. 6, n° 1-2, p. 133-152.

Libreria delle donne di Milano ([1987] 2018), Non credere di avere dei diritti: la generazione della libertà femminile nell’idea e nelle vicende di un gruppo di donne, Turin, Rosenberg & Sellier, coll. « Differenza & Differenze ».

Lonzi, Carla ([1974] 2010), Sputiamo su Hegel. La donna clitoridea e la donna vaginale e altri scritti, postfazione di Maria Luisa Boccia, Milan, Et al, coll. « Economica ».

Lonzi, Carla (2023), Nous crachons sur Hegel. Écrits féministes, trad. et prés. par Patrizia Atzei et Muriel Combes, Caen, Nous.

Lonzi, Carla ([1978] 2010), Taci anzi parla. Diario di una femminista, postfazione di Annarosa Buttarelli, Milan, Et al., vol. 1 et vol. 2.

Lussana, Fiamma (2012), Il movimento femminista in Italia. Esperienze, storie, memorie (1965-1980), Rome, Carocci, coll. « Quality Paperbacks ».

Melandri, Lea (2018), Il desiderio dissidente: antologia della rivista « L’erba voglio », 1971-1977, Rome, DeriveApprodi.

Melusine (1992), Dee fuori dal tempio: vivere e pensare la relazione madre-figlia. Dialogo di Melusine con Silvia Vegetti Finzi, Lella Ravasi Bellocchio, Tiziana Villani, Milan, Melusine.

Muraro, Luisa (1991), Lordine simbolico della madre, Rome, Editori riuniti.

Muraro, Luisa (2003), L’Ordre symbolique de la mère, trad. Francesca Solari et Laurent Cornaz, Paris, L’Harmattan.

Muraro, Luisa (2013), Il lavoro della creatura piccola: continuare l’opera della madre, Milan, Mimesis, coll. « Mimesis, Eterotopie ».

O’ Brien Hallstein, Lynn, Andrea O’ Reilly et Melinda Giles (2019), The Routledge Companion to Motherhood, London, Routledge.

O’ Reilly, Andrea (2007), Maternal Theory: Essential Readings, Bradfor, Demeter Press.

O’ Reilly, Andrea (2016), Matricentric Feminism: Theory, Activism, and Practice, foreword by Petra Bueskens, Bradford, Demeter Press.

Rich, Adrienne (1972), « When We Dead Awaken. Writing as Re-vision », College English, vol. 34, n°1 : Women, Writing and Teaching, p. 18-30.

Rich, Adrienne (1976), Of Woman Born: Motherhood as Experience and Institution, New York, Norton, 1976.

Rich, Adrienne (1980), Naître d’une femme : la maternité en tant qu’expérience et institution, trad. Jeanne Faure-Cousin, Paris, Denoël, coll. « Femme ».

Rich, Adrienne (1984), « Notes toward a Politics of Location », in Adrienne Rich, Blood, Bread, and Poetry: Selected Prose 1979–1985. New York-London, W.W. Norton.

Tommasi, Wanda (2004), La scrittura del deserto: malinconia e creatività femminile, Napoli, Liguori,  coll. « Profili. Teorie & Oggetti della filosofia ».

Vegetti Finzi, Silvia (1992), Il bambino della notte. Divenire donna, divenire madre, Milan, Mondadori.


[1] Comme l’observe A. Rich dans son essai Notes toward a Politics of Location, le corps féminin demeure lié pour toujours au corps maternel qui est, quant à lui, matière, déjà dans son sens étymologique : « To reconnect our thinking and speaking with the body of this particular living human individual, a woman. Begin, we said, with the material, with matter, mma, madre, mutter, moeder, modder, etc., etc. » (Rich, 1984, p. 213)

[2] La bibliographie critique que je propose dans cette notice renvoie à quelques textes fondamentaux de la réflexion états-unienne et française sur la mère et la maternité et ne se veut pas exhaustive.

[3] Cf. O’ Brien Hallstein, O’ Reilly, Giles, 2019, p. 2 : « […] motherhood studies may be divided into four interconnected themes or categories of inquiry: the institution of motherhood, motherhood as experience, maternal identity or subjectivity, and finally maternal agency/activism. »

[4] Comme le précise O’ Reilly : « The term “motherhood” refers to the patriarchal institution of motherhood, which is male defined and controlled and is deeply oppressive to women, whereas the word “mothering” refers to women’s experiences of mothering and is female defined and centered and potentially empowering to women.» (O’ Brien Hallstein, O’ Reilly, Giles, 2019, p. 2)

[5] Voir, sur ce point, le chapitre 9 (« Motherhood and Daughterhood ») de l’ouvrage de Rich, Of Woman Born.

[6] L’idée politique proposée par Chodorow est celle d’interrompre la reproduction de la fonction maternelle afin de bouleverser les structures sociales, politiques et du travail établies par le patriarcat ainsi que les traditionnels rôles de genre (traditional gender roles) (Chodorow, 1978, p. 218)

[7] En effet, les femmes conçoivent les relations à l’aune d’une interdépendance entre sujets (être responsables signifie être sensibles à autrui) et établissent leur éthique selon deux principes, la sollicitude (care) et la responsabilité, tandis que les hommes agissent généralement « par les intermédiaires de la logique et de la loi » (Gilligan, 1982, p. 29)

[8] Cf. Flax, 1985, p. 23 : « I believe that the development of women’s core identity is threatened and impeded by an inability to differentiate from the mother. I see as a central problematic in female development the very continuity of identity with the mother […]. This leads us to differences on the importance of the issue of autonomy for women as well. »

[9] D’après Flax, les théories psychanalytiques n’explorent pas assez en détail le rôle de la mère qui apparaît toujours comme un objet pour l’enfant et non pas comme un sujet autonome. Cf. Flax, 1985, p. 25.

[10] Voir, sur ce point, le chapitre 8 de l’ouvrage de P. Hill Collins, « Les femmes noires et la maternité ».

[11] D’après Kristeva, le sémiotique correspond à la vie pulsionnelle de la première enfance précédant la signification et s’articule en une chora (Kristeva, 1974, p. 23) dont le corps de la mère serait le principe d’ordonnancement ayant aussi la fonction de « médiatise[r] la loi symbolique organisatrice des rapports sociaux » (id., p. 27). Le sémiotique est, donc, « une étape — ou une région — fondamentale dans le procès du sujet, occultée par l’arrivée de la signification, c’est-à-dire du symbolique » (id., p. 39).

[12] C’est dans ce texte que Cixous a inventé l’expression écrire à l’encre blanche, en soulignant aussi que « la femme n’est jamais loin de la “mère” (que j’entends hors rôle, la “mère” comme non-nom, et comme source de biens) […] » (Cixous, 2010, p. 48).

[13] Cf., sur ce point, les deux textes de Lonzi cités dans la bibliographie, où l’autrice propose une distinction entre femmes vaginales et femmes clitoridiennes — ces dernières sont les seules à pouvoir se reconnaître mutuellement et à pouvoir exister autrement dans le féminisme.

[14] Pour les textes de Diotima, cf. le site internet du groupe : https://www.diotimafilosofe.it/.

[15] Pour le concept de médiation, je renvoie aux textes de Muraro.

[16] En janvier 1983, les féministes milanaises publient un document appelé Più donne che uomini dans la revue « Sottosopra », où elles commencent à réfléchir à l’hypothèse de l’existence d’un monde tout au féminin. De ce document naîtra par la suite la pratique de l’affidamento.


ÉTIQUETTES