MONIQUE WITTIG (OU LE LESBIANISME INTRADUISIBLE)

Monique Wittig est une figure centrale de l’histoire du féminisme français. Pionnière du Mouvement de libération des femmes (MLF), elle participe en mai 1970 à la première manifestation féministe de l’après Mai 68 qui se déroule dans l’enceinte de l’Université expérimentale de Vincennes. Quelques mois plus tard, le 26 août 1970, elle prend part à l’Arc de Triomphe à la fameuse action « inaugurale »[1] du MLF lors de laquelle une dizaine de féministes déposèrent une gerbe de fleurs en hommage à celle qui est « plus inconnue encore que le Soldat inconnu : sa femme ». Fer de lance du MLF, elle contribue à forger le courant théorique du féminisme matérialiste et anime, avec d’autres, plusieurs collectifs de femmes au sein du MLF : les Petites Marguerites, un collectif d’artistes, ou encore les Gouines Rouges, le premier collectif politique de lesbiennes.

Pourtant, en 1976 – six ans seulement après avoir contribué à la naissance du MLF – Monique Wittig quitte la France pour les États-Unis où elle devient rapidement une figure reconnue du lesbianisme politique. Dans ses deux textes « One Is Not Born A Woman » (On ne naît pas femme) et « The Straight Mind » (La pensée straight), elle politise l’hétérosexualité comme un système politique dominant et oppressif (plutôt que comme un désir strictement personnel), et affirme que la catégorie « femmes » est un produit de la domination hétérosexuelle. Ainsi, pour Wittig, « les lesbiennes ne sont pas des femmes » (1980a) car « ce qui fait une femme c’est une relation sociale particulière à un homme, […] relation à laquelle les lesbiennes échappent en refusant de devenir ou de rester hétérosexuelles » (1980b). Cette conceptualisation de la lesbienne s’inscrit dans une démarche proprement matérialiste. En effet, pour le féminisme matérialiste, les catégories de sexe ne sont pas naturelles mais le produit d’un rapport d’exploitation et d’appropriation. Selon cette définition, la lesbienne est bien pour Wittig une figure transfuge aux classes de sexe dans la mesure où, échappant à l’hétérosexualité, elle se soustrait à ce rapport – figure qui réalise dès lors le but vers lequel tend le féminisme matérialiste, à savoir l’abolition des classes de sexe. D’abord écrits en anglais pour un public étatsunien, les deux textes susmentionnés sont publiés en français en 1980 dans la revue Questions féministes.

La publication française de ces deux textes provoque un conflit majeur au sein du Mouvement de libération des femmes. Pour la majorité des féministes françaises, affirmer que les lesbiennes ne sont pas des femmes est une atteinte grave à l’unité du mouvement féministe (c’est-à-dire au principe de sororité, principe fondateur du MLF). Le lesbianisme politique de Monique Wittig est rapidement accusé de promouvoir une forme de « séparatisme » identitaire qui serait par essence américain.[2] « Ainsi, pour la militante féministe Catherine Deudon, la théorie lesbienne de Wittig ferait l’apologie d’une « “Nation Lesbienne” (de l’Américaine Jill Johnston), version agrandie du ghetto » (1981)[3].

Américaniser la pensée wittigienne permet de la rendre inopérante en France, c’est-à-dire d’affirmer que le lesbianisme politique – qui pense l’hétérosexualité comme un régime politique – serait étranger à la culture (féministe) française. Cet argument rhétorique ne se limite pas aux discours militants mais pénètre également l’historiographie du MLF. Dans une étude portant sur l’histoire littéraire du Mouvement de libération des femmes, Audrey Lasserre écrit à propos de la traduction française de « The Straight Mind » :

La traduction […] de Wittig constitue […] à plus d’un titre et de façon dialectique une importation de problématiques étrangères : c’est le regard d’une féministe et lesbienne, qui a fourbi ses armes théoriques et pratiques en France puis émigré aux États-Unis, sur les apports du lesbianisme américain qui se voit sans plus de précautions repositionnées sur la scène française. (2014)

L’ironie est la suivante : tandis que le départ de Wittig aux États-Unis est la conséquence de vives résistances politiques à sa pensée au sein du Mouvement de libération des femmes, il devient dans l’argumentaire de Lasserre la cause d’une supposée inassimilabilité culturelle de sa pensée à la « scène française » (scène dès lors essentialisée). En d’autres termes, Lasserre prend ici l’effet pour la cause (métalepse). Cette inversion des choses, l’idée que la pensée de Wittig serait par essence américaine et donc inassimilable en France (et intraduisible en français), contribue à invisibiliser (ou à naturaliser) le travail politique qui, dans les années 1970 et 1980, a éradiqué de force la pensée wittigienne hors de France et l’a ainsi rendue a posteriori « non française ».

En effet, le départ de Wittig aux États-Unis en 1976 est un départ forcé (Eloit, 2018)[4]. Dans des lettres conservées à l’Université de Yale, Wittig revient – au tournant des années 1980 – sur la violence politique exercée à son encontre par les féministes françaises, fortement opposées à toute forme de visibilité lesbienne au sein du mouvement féministe. Parlant d’une « purge » (1981, p. 2) à son égard, Wittig écrit que ce sont les militantes du MLF qui l’ont « chassée de Paris ». Les féministes françaises, observe-t-elle, ont tout fait pour « empêcher […], paralyser et détruire les groupes de lesbiennes » (1980c, p. 2). D’autres témoignages viennent corroborer cette vision des faits. Une militante du Front des lesbiennes radicales écrit en 1981 que « les féministes se sont donné le plus grand mal pour détruire les groupes de lesbiennes qui prétendaient survivre dans le M.L.F » et – faisant référence au départ de Wittig – ajoute : « voire pousser à l’exil politique ou au silence historique des lesbiennes trop affirmées » (2010, p. 40). En d’autres termes, la pensée politique de Wittig n’est pas par nature « américaine » : ce sont les féministes françaises qui l’ont contrainte à se traduire en anglais. Dans une lettre adressée à son amie Adrienne Rich, célèbre poétesse et théoricienne lesbienne étatsunienne, Wittig revient sur son expérience malheureuse au sein du MLF et parle d’un « séjour en enfer » (n. d., circa 1981).

Le Mouvement de libération des femmes (ou plus précisément, sa branche radicale, ou matérialiste, à Paris) s’est donc construit tout au long des années 1970 sur l’élimination d’une pensée critique de la sororité et de l’hétérosexualité. Cette élimination s’est appuyée sur l’argument rhétorique d’un féminisme qui serait spécifiquement français (c’est-à-dire universaliste), et d’un autre qui serait américain (c’est-à-dire séparatiste et lesbien) et donc intraduisible en français. Un recueil de textes théoriques de Monique Wittig fut publié en 1992 aux États-Unis sous le titre The Straight Mind. Il faudra attendre 2001, et le travail de redécouverte et de retraduction du sociologue queer Sam Bourcier, pour que The Straight Mind soit publié en français. « Traduire un auteur français en français » (2005, p. 188) n’est pas le moindre des paradoxes : cette retraduction d’un.e auteur.e (2018, p. 138-139)[5] dans sa langue d’origine porte la marque d’un exil douloureux dû à des résistances politiques. Le lesbianisme politique a été rendu américain (et avec lui, Wittig) par les « hétéro-féministes » françaises (1983, p. 10-14)[6] qui ne « [voulurent] pas de [l’] irruption de la politique et de la pensée lesbiennes au pays de l’universalisme français » (Bourcier, 2003, p. 57).

Si la pensée wittigienne est américanisée par les féministes françaises, elle l’est aussi par les féministes américaines, mais à effet inverse. L’œuvre de Wittig est à la base de deux des assertions les plus connues et les plus influentes de Gender Trouble de Judith Butler (1990), ouvrage canonique de la théorie queer[7] : le sexe est toujours déjà genre et les catégories binaires de sexe sont le produit naturalisant et légitimant du régime hétérosexuel ou de ce que Butler appelle la « matrice hétérosexuelle ». C’est à partir de ces postulats wittigiens et d’une lecture critique de Wittig que Butler est amenée à théoriser la performativité du genre et la subversion mimétique – deux concepts phares de la théorie queer. Wittig fait ainsi figure de proue dans la généalogie de la théorie queer (Hemmings, 2011)[8]. Le public étatsunien est très réceptif à son œuvre et sa lecture est éminemment productive : elle contribue à faire naître tout un courant de pensée et un champ d’étude.

Cependant, cette influence wittigienne outre-Atlantique repose sur une lecture partiellement erronée de son œuvre. L’américanisation de la pensée wittigienne est à double tranchant : elle permet à Wittig d’être reconnue, mais elle évacue aussi la dimension matérialiste de sa pensée. Butler développe deux objections contre la figure de la lesbienne chez Wittig. Premièrement, elle affirme que la catégorie de la lesbienne rompt la solidarité avec les femmes hétérosexuelles (au même titre que le slogan « le féminisme c’est la théorie, le lesbianisme, la pratique[9] ») et qu’invoquer la lesbienne comme figure émancipatrice revient à une « injonction séparatiste » (Butler, 1990, p. 173). Deuxièmement, Wittig définirait le lesbianisme en opposition à l’hétérosexualité, ce qui rendrait le lesbianisme paradoxalement dépendant de l’hétérosexualité et empêcherait toute éventuelle resignification de cette dernière (ibid., p. 174). Pour Butler, Wittig entendrait par « lesbienne » une identité sexuelle et affirmerait que toutes les femmes devraient devenir lesbiennes au sens classique du terme (ou que seules les lesbiennes seraient vraiment féministes). Or, et c’est bien là toute la force de la pensée wittigienne, la lesbienne chez Wittig ne désigne pas une identité sexuelle (une femme qui aime les femmes) mais plutôt une subjectivité non définie par les catégories oppressives d’hommes et de femmes, c’est à dire par les relations économiques, sociales, et politiques qui créent les catégories de sexe (Wittig, 2018, p. 124)[10]. Si Butler rejette la figure émancipatrice de la lesbienne chez Wittig, c’est qu’elle n’a pas la même définition de la lesbienne que Wittig. Et si Butler ne saisit pas la dimension matérialiste de la sexualité chez Wittig c’est qu’elle la lit dans un contexte américain où le féminisme matérialiste français n’est tout simplement pas connu.

Aux États-Unis dans les années 1980, les féministes qui s’intéressent à la France se concentrent sur les œuvres d’Hélène Cixous, Luce Irigaray, et Julia Kristeva, qu’elles regroupent sous le nom de « French Feminism ». Elles entendent par féminisme français, un féminisme de la différence sexuelle ancré dans la pensée derridienne et lacanienne, et ne connaissent pas la branche matérialiste du MLF. Butler rejette la stratégie lesbienne de Wittig qu’elle accuse de séparatisme et d’essentialisme faute de saisir sa dimension matérialiste. Elle se tourne alors vers Irigaray et, s’inspirant du concept de mimésis, propose de défaire les effets oppressifs des catégories binaires de sexe non pas en détruisant l’hétérosexualité, et donc le concept même de sexe, mais par la parodie. À travers des répétitions subversives et parodiques, les configurations de sexe et de genre culturellement prohibées pourraient proliférer, devenir intelligibles, exposer la binarité sexuelle comme non naturelle, et ainsi déplacer la force de la norme hétérosexuelle. Là où Wittig propose de détruire les catégories de sexe à travers la destruction du régime hétérosexuel, Butler propose de subvertir ces catégories à travers des pratiques mimétiques. Pour résumer, la pensée wittigienne, en postulant que les catégories de sexe sont socialement construites par le régime hétérosexuel, a eu une très grande influence sur la théorie queer qui émerge aux États-Unis au début des années 1990, mais, assimilée au « French Feminism », sa dimension matérialiste est évacuée, et le lesbianisme révolutionnaire que Wittig propose reste en conséquence inintelligible. Wittig est ainsi doublement exilée du courant matérialiste français auquel elle a tant contribué : par ses collègues françaises et par ses lectrices américaines.

Ce double exil explique aussi en parti le rejet de la théorie queer chez certaines féministes matérialistes françaises. Elles y voient à la fois le spectre du lesbianisme wittigien qu’elles rejetèrent d’emblée, et le spectre de Psychanalyse et Politique (Psychépo), courant psychanalytique du MLF auquel étaient plus ou moins rattachées Cixous, Irigaray, et Kristeva et dont le dépôt de marque du MLF en 1979 provoqua une scission définitive entre la branche matérialiste et psychanalytique du mouvement. Fortement productif aux États-Unis, l’invention du « French Feminism » (Delphy, 1996, p. 15-58) a, en France, empêché le féminisme de s’ouvrir à la théorie queer (Costello, 2016)[11]. Lier le rejet féministe matérialiste de la théorie queer à l’invention américaine du French Feminism invite à penser la circulation transnationale des idées en termes de « feedback loop » et de réfléchir non seulement à ce que certains échanges rendent possibles mais aussi à ce qu’ils rendent impossibles.

Pour citer cette notice

Costello, Katherine; Eloit, Ilana: « Monique Wittig (ou le lesbianisme intraduisible) ». Dictionnaire du genre en traduction / Dictionary of Gender in Translation / Diccionario del género en traducción. ISSN: 2967-3623. Mis en ligne le 24 mai 2021: https://worldgender.cnrs.fr/notices/monique-wittig-ou-le-lesbianisme-intraduisible/.

Références

Bourcier, Marie-Hélène (Sam) (2003), « Wittig-la-politique », Regards, n° 88, p. 57.

Bourcier, Marie-Hélène (Sam) (2005), « Wittig la Politique », in On Monique Wittig: Theoretical, Political, and Literary Essays, Namascar Shaktini (dir.), Champaign, University of Illinois Press.

Butler, Judith (1990), Gender Trouble. Feminism and the Subversion of Identity, New York et Londres, Routledge.

Costello, Katherine A. (2016), Inventing French Feminism : A Critical History, thèse de doctorat, Duke University, Literature Program: https://hdl.handle.net/10161/12235.

Delphy, Christine (1996), « L’invention du “French Feminism” : une démarche essentielle », Nouvelles questions féministes, vol. 17, n° 1, p. 15-58.

Deudon, Catherine (1981), « Radicale-ment, nature-elle-ment », La revue d’en face, n° 9-10, 1981, p. 82.

Eloit, Ilana (2018), Lesbian Trouble : Feminism, Heterosexuality and the French Nation (1970-1980), thèse de doctorat, London School of Economics and Political Science, Department of Gender Studies: http://etheses.lse.ac.uk/4041/.

Graziella, « Pour une analyse lesbienne radicale du féminisme », in Marion Page (dir.), Front des lesbiennes radicales. Textes de la rencontre des 14 et 15 novembre 1981, 2010, auto-édition, p. 40.

Hemmings, Clare (2011), Why Stories Matter : The Political Grammar of Feminist Theory, Durham, Duke University Press.

Lasserre, Audrey (2014), Histoire d’une littérature en mouvement : textes, écrivaines et collectifs éditoriaux du Mouvement de libération des femmes en France (1970-1981), thèse de doctorat en littérature et civilisation françaises, Université Paris 3–Sorbonne Nouvelle, 2014.

Wittig, Monique (1980a), « La pensée straight », Nouvelles questions féministes, n° 7, p. 45-53.

Wittig, Monique (1980b), « On ne naît pas femme », Nouvelles questions féministes, n° 8, p. 75-84.

Wittig, Monique (1980c), Lettre à Monique Plaza, 16 juin 1980, p. 2. Boîte 29 « Dossier, Monique Wittig and Colette Monique ». Monique Wittig Papers, General Collection, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale University.

Wittig, Monique (1981), Lettre à Simone de Beauvoir, 2 mars 1981, p. 2. Boîte 29 « Dossier, Monique Wittig and Colette Monique ». Monique Wittig Papers, General Collection, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale University.

Wittig, Monique (n. d., circa 1981), Lettre à Adrienne Rich. Boîte 29 « Dossier, Monique Wittig and Colette Monique ». Monique Wittig Papers, General Collection, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale University.

Wittig, Monique (1983), « Les questions féministes ne sont pas des questions lesbiennes », Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui, n° 2(1), juillet 1983, p. 10-14.

Wittig, Monique (2018a), « La marque du genre », in La pensée straight, Paris, Éditions Amsterdam, p. 132-143.

Wittig, Monique (2018b), « Le cheval de Troie », in La pensée straight, Paris, Amsterdam, p. 123-130.


NOTES

[1] Un mouvement social et politique ne peut être ni fondé, ni inauguré, mais c’est après cette manifestation que la presse parle pour la première fois de « Mouvement de libération de la femme française ». Le mouvement naissant reprend l’expression en la pluralisant (Mouvement de libération des femmes puisque « la » femme n’existe pas). À la suite de cette action, de plus en plus de femmes rejoignent le mouvement en participant à ses assemblées générales.

[2]  Le terme de « séparatisme » équivaut à celui de « communautarisme » dans un langage plus contemporain. Il est néanmoins intéressant de noter que le terme de « séparatisme » a récemment fait un retour fracassant dans le débat public en France dans le contexte du projet de loi d’Emmanuel Macron « contre le séparatisme ».

[3] Catherine Deudon fait référence à l’ouvrage Lesbian Nation de la militante lesbienne étatsunienne Jill Johnston (1973).

[4] L’histoire du départ forcé de Wittig aux États-Unis et de l’éradication de la pensée et de la politique lesbiennes du féminisme français des années 1970 est retracée en détails dans la thèse de doctorat d’Ilana Eloit (2018).

[5] Wittig propose de détruire le genre grammatical. Elle serait probablement contre l’écriture dite « inclusive » qui amène à féminiser le langage et donc à renforcer la marque du genre. Elle critique l’universalisme masculin (dans Les Guérillères notamment où le pronom « elles » devient provisoirement un pronom universel) mais propose de « dégenrer » le langage, ou de le « dé-marquer », pour reprendre l’expression de Dominique Bourque (https://french.yale.edu/event/conference-drafting-monique-wittig-oct-110-11-2019), plutôt que d’intensifier la marque du genre : « la farce ontologique qui consiste à essayer de diviser l’être dans le langage en lui imposant  une marque, la manœuvre conceptuelle qui consiste à arracher aux individus marqués ce qui leur appartient de droit, le langage, doivent cesser. Il faut donc détruire le genre totalement. Cette entreprise a tous les moyens de s’accomplir à travers l’exercice même du langage » (Wittig, 2018a, p. 138-139).

[6] Cette expression a été forgée par les lesbiennes radicales françaises au début des années 1980. Elle est utilisée par Wittig elle-même pour parler de celles qui l’ont radiée du mouvement (Wittig, 1983).

[7] Le concept de « canon queer » est paradoxal mais convient à partir du moment où l’on constate que certains ouvrages sont cités bien plus que d’autres et que presque toute référence à la théorie queer renvoie à Judith Butler (l’autre ouvrage canonique et « fondateur » de la théorie queer serait Épistémologie du placard de Eve Kosfosky Sedgwick).

[8] Sur la généalogie féministe et lesbienne de la théorie queer, y compris la place qu’y tient Wittig, voir Hemmings (2011)

[9] Cette phrase très connue est attribuée à la féministe étatsunienne Ti-Grace Atkinson.

[10] Il convient de noter que la pensée théorique et l’œuvre littéraire de Wittig ne peuvent être pensées l’une sans l’autre. La littérature est, pour Wittig, une « machine de guerre » (2018b, p. 124) dont il convient de s’emparer pour détruire la marque du genre dans la langue, c’est à dire l’idéologie de la différence sexuelle.

[11] L’invention du « French Feminism » et ses conséquences pour les théories féministes et queer aux États-Unis et en France sont analysées en détails dans la thèse de doctorat de Katherine A. Costello (2016).


ÉTIQUETTES

féminisme matérialiste, French Feminism, hétérosexualité, Judith Butler, lesbianisme, Luce Irigaray, mouvement de libération des femmes