Queer and irony
Chercher quelle libération des contraires nous propose le queer, tout en récusant la linéarité d’une histoire philosophique qui mènerait à l’avènement d’une sortie de la dualité, c’est rouvrir l’étude, dans la « tradition » philosophique, d’autres moments conceptuels où la dualité s’est trouvée contestée. À rebours, le queer noue plusieurs kinships philosophiques, avec la notion d’écriture et de différance issues de la déconstruction, avec la philosophie romantique qui associe l’ironique tenue des contraires à l’ouverture infinie des identités et du sens jusqu’à « l’incompréhensible », avec, aussi, la métaphysique antique et les premiers principes discutés par Aristote. De nombreux.ses théoricien.nes des études de genre dénoncent une binarité universelle et omnitemporelle en citant le tableau des valeurs « masculines » et « féminines » attribué à Aristote. En réalité, celui-ci en révèle la caducité lorsqu’il propose qu’il existe un principe irréductible à la dualité : l’incommensurable, voilà ce que le queer fait vivre, en lui donnant corps provisoire et potentiel par des processus d’écriture qui creusent dans le langage des possibilités de resignification infinies.