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Queer and irony

Chercher quelle libération des contraires nous propose le queer, tout en récusant la linéarité d’une histoire philosophique qui mènerait à l’avènement d’une sortie de la dualité, c’est rouvrir l’étude, dans la « tradition » philosophique, d’autres moments conceptuels où la dualité s’est trouvée contestée. À rebours, le queer noue plusieurs kinships philosophiques, avec la notion d’écriture et de différance issues de la déconstruction, avec la philosophie romantique qui associe l’ironique tenue des contraires à l’ouverture infinie des identités et du sens jusqu’à « l’incompréhensible », avec, aussi, la métaphysique antique et les premiers principes discutés par Aristote. De nombreux.ses théoricien.nes des études de genre dénoncent une binarité universelle et omnitemporelle en citant le tableau des valeurs « masculines » et « féminines » attribué à Aristote. En réalité, celui-ci en révèle la caducité lorsqu’il propose qu’il existe un principe irréductible à la dualité : l’incommensurable, voilà ce que le queer fait vivre, en lui donnant corps provisoire et potentiel par des processus d’écriture qui creusent dans le langage des possibilités de resignification infinies.

Pedro Lemebel’s queer words

Poète et romancier, artiste et activiste travesti, Pedro Lemebel reste peu connu en France. La faute sans doute à l’absence de traduction de ses Chroniques. Un seul roman donne accès à cette œuvre irréductiblement politique : Je tremble ô matador. Mais la traduction parvient-elle à rendre compte du lyrisme queer de son auteur ? Poet and novelist, artist and activist in transvestite, Pedro Lemebel remains little known in France. This is undoubtedly the fault of the lack of translation of his Chronicles. A single novel gives access to this irreducibly political work: My tender matador. But does the translation manage to capture the queer lyricism of its author? Poeta y novelista, artista y activista travesti, Pedro Lemebel sigue siendo poco conocido en Francia. Sin duda, es culpa de la falta de traducción de sus Crónicas. La sola novela que da acceso a esta obra irreductiblemente política es Tengo miedo torero. ¿Pero la traducción logra captar el lirismo queer de su autor?